Les différentes grandes études sur la cigarette électronique
Depuis quelque temps, deux clans s’affrontent sur fond de vapote. Que les raisons soient économiques ou non, (mais elles sont semble-t-il surtout économiques), d’aucuns s’appuient sur des études scientifiques dont certaines ne seraient hélas qu’hypothétiques. Ces études n’ont surtout de grand que le tollé qu’elles soulèvent parfois. Revue de détails.
Difficile de s’y retrouver
Les études scientifiques sérieuses sur la cigarette électronique ne sont pas très nombreuses, et leurs conclusions sont pour le moins contradictoires.
Les études en 2010
En 2010, c’est The Journal of Chromatography A[1] qui conclut à la présence … dans quelques recharges seulement – de molécules jusqu’alors utilisées en pharmacie. Il s’agirait plus précisément d’amino-tadalaphil (que l’on trouve dans le Cialis, un traitement contre les troubles érectiles) et de rimonabant (un anti-obésité).
Des affirmations aussitôt reprises par le magazine Sciences et Avenir débattant à l’époque sur l’efficacité de l’e-cig dans la lutte anti-tabagique.
Le spécialiste des addictions et neurobiologiste à l’Inserm J-P Tassin s’était d’ailleurs largement exprimé quant à l’utilité de l’e-cig dans l’arrêt du tabac, et semblait être convaincu que l’addiction étant chimique, la simple conservation d’une gestuelle ne pouvait suffire à supprimer tout signe de manque[2].
Notons que depuis 2010, plus aucune étude ne mentionne la présence de ces deux molécules non désirées dans les recharges.
Les études en 2011
Présentée par ailleurs comme bénéfique pour se désaccoutumer du tabac sans frustration ni manque, l’e-cig avait passé les épreuves avec succès en 2011.
C’est d’ailleurs la revue BMC Public Health qui s’était chargée d’en aviser l’opinion publique, en insistant sur le fait que l’e-cig était un bon moyen pour arrêter de fumer.
Des propos totalement confirmés par un Professeur en santé publique de l’Université de Genève, J-F. Hetter qui précisait que la cigarette électronique évite la prise de poids, les perturbations du sommeil, le stress et autres symptômes liés au sevrage tabagique.
En mai 2011, c’est l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) qui publie une mise en garde et recommande expressément de « ne pas consommer de cigarette électronique »[3].
A bien y réfléchir, l’ancienne Afssaps hésite surtout quant au classement de ce produit particulier qui ne dispose pas d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), et ne figure nullement sur la liste des produits autorisés à être vendus en pharmacie.
Toutefois, ce communiqué ne fait nullement référence à une quelconque étude scientifique qui permettrait d’argumenter la mise en garde.
Les études en 2012
Dès 2012, une étude grecque conclut qu’il est bénéfique pour le système cardiovasculaire de vapoter plutôt que fumer.
Au printemps 2013, après deux ans d’investigations, l’étude Clearstream life financée par Flavour Art (fabricant italien d’e-liquides), publie ses conclusions dans le Journal Inhalation Toxicology. Sur la toxicité de l’e-cig, les Docteurs Farsalinos et Romagna déclarent qu’elle est inexistante.
Ils précisent toutefois que certains e-liquides pourraient avoir un léger impact sur la santé selon les arômes qu’ils contiennent. Ils concluent que des contrôles doivent être effectués régulièrement et les travaux de recherche poursuivis.
Les études en 2013
En mai 2013, l’OFT (Office Français de prévention du Tabagisme) publie le rapport d’étude qui avait été demandé en mars dernier à Marisol Touraine, ministre de la Santé. Un rapport de 212 pages qui a le mérite de rentrer dans les détails, au risque de s’y perdre un peu.
En substance, le rapport conclut au fait que l’on n’a pas suffisamment de recul pour juger de la dangerosité ou non de la cigarette électronique, mais qu’elle semble cependant bien moins nocive que la cigarette traditionnelle. Le gouvernement décidera ensuite de réglementer ce produit « peu banal »[4].
Rappelons que l’OFT a recensé, depuis 2007, 111 publications scientifiques sur le sujet, réparties de la façon suivante :
· 2007 : 1
· 2008 : 0
· 2009 : 5
· 2010 : 12
· 2011 : 25
· 2012 : 43
· Au 28 mai 2013 : 25
Un consommateur pas plus avancé, voire leurré
Le comble est que pour étayer une thèse fantaisiste, penchant en faveur des détracteurs d’un produit somme toute largement encouragé par les médecins en remplacement de la cigarette traditionnelle, on brandit des pseudo-études qui voudraient nous faire croire que l’e-cig est peut-être encore plus dangereuse que la cigarette à combustion.
On trouve dans la littérature spécialisée des rapports d’études aux conclusions totalement opposées, comme on a pu le constater avec l’étude publiée en 2009 par la Food and Drug Administration et celle publiée en 2011 dans le Journal of Public Health Policy.
Il ressort aujourd’hui un sentiment général et bien légitime : la neutralité est rarement de mise pour le moment, quelle que soit l’origine géographique de l’étude sur la cigarette électronique[5].
[1] http://www.consentidos.org/2010/images/stories/biblioteca/%E2%81%AFCigarrillo%20Electro%CC%81nico%20FAD%202010.pdf
[2] http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/decryptage/20111206.OBS6111/la-cigarette-electronique-est-elle-efficace.html
[3] http://ansm.sante.fr/S-informer/Presse-Communiques-Points-presse/L-Afssaps-recommande-de-ne-pas-consommer-de-cigarette-electronique-Communique
[4] http://www.liberation.fr/societe/2013/06/27/les-deputes-votent-l-interdiction-de-la-e-cigarette-aux-mineurs_914212
[5] http://www.huffingtonpost.fr/2013/05/28/cigarette-electronique-les-etudes-contradictoires_n_3345131.html